POINT DE PRESSE : PRISE DE POSITION DE LA VSV SUR LE CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE DE L’HEURE
Le contexte socio-politique de l’heure en République Démocratique du Congo (RDCongo) demeure préoccupant et ne continue pas moins à susciter de vives et profondes inquiétudes lesquelles se trouvent exacerbées par l’évolution en dents de scie du processus électoral, source actuelle de la détérioration sans précédent du climat social et politique particulièrement tendu qui s’observe sur toute l’étendue du territoire de la RDCongo.
La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), institution d’appui à la démocratie devient de plus en plus source d’inquiétude et ne rassure plus les rdcongolaises et rdcongolais chaque jour qui passe. D’aucuns n’hésitent à traiter la CENI d’une caisse de résonance ou tout simplement d’une institution d’appui à la Majorité Présidentielle.
Les principales articulations de ce point de presse tournent essentiellement autour de deux (2) axes ci-après :
- 504 jours clamés par Corneille Nangaa Président de la CENI
- Election de la RDCongo au sein du Conseil des Droits de l’Homme (CDH) des Nations Unies.
- 504 jours clamés par Monsieur Corneille Nangaa, Président de la CENI: la goûte d’eau qui fait déborder le vase
La déclaration faite en date du 10 octobre 2017 par monsieur Corneille Nangaa, président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) en sigle, selon laquelle son institution ne pourra organiser les trois (3) scrutins combinés à savoir le Présidentiel, législatif national et provincial qu’endéans 504 jours demeure au centre des prises de positions controversées au sein de la classe politique et différentes couches sociales tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la RDCongo.
A ce sujet, une frange importante de la population en d’autres termes la majorité de la population rdcongolaise voit dans une telle déclaration, la volonté affichée par le Président de la CENI de tirer en longueur le processus électoral en vue de retarder la tenue des scrutins, et ce, en vue d’accorder au pouvoir en place une prolongation élastique du mandat déjà arrivé à terme en décembre 2016.
Après analyse des raisons avancées par la CENI pour justifier l’impossibilité de l’organisation des élections en 2017 et 2018, l’opinion publique croit que ce sont plus les calculs politiciens de mauvaise foi qui sont à la base du glissement entretenu en RDCongo.
En effet, l’enrôlement tardif dans l’espace Grand Kasaï à cause des violences ; le nettoyage du fichier électoral ; la commande des matériels électoraux ; le recrutement et formation des agents de la CENI et le déploiement des matériels électoraux ; le délai d’adoption des textes de lois sur les élections (répartition des sièges et la loi électorale) sont des problèmes qui peuvent trouver des solutions rapidement s’il ya la volonté politique d’organiser les élections dans un délai très raisonnable conformément aux aspirations de la population congolaise. Quant aux moyens financiers, de nombreux partenaires de la RDCongo n’ont cessé de clamer leur prédisposition à appuyer financièrement le processus électoral pourvu qu’un calendrier électoral réaliste soit publié par la CENI.
Face à cet état de chose, d’aucuns estiment que la CENI fait le jeu du pouvoir et que son indépendance se révèle hypothétique et continue à poser problème.
Pour la VSV, l’organisation des élections apaisées en RDCongo n’est entre autres possible que si et seulement si toutes les parties prenantes au processus électoral font confiance en la CENI et en son Président. Le déficit ou mieux la crise de confiance entre la CENI et la population ainsi que les autres parties prenantes risqueraient, si aucune solution n’est trouvée à temps, d’éloigner toute perspective d’élections apaisées en RDCongo. Le Président de la CENI et toute son équipe sont donc appelés à reconquérir et réaffirmer leur indépendance vis –à-vis des acteurs politiques en général et ceux de la majorité au pouvoir en particulier pour rassurer toutes les parties prenantes au processus électoral.
- Election de la RDCongo au sein du Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations Unies
L’élection à New-York, le 16 octobre 2017 de la RDCongo au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a provoqué de nombreuses réactions négatives observées tant sur le plan interne qu’au plan externe.
Les contestations exprimées et tôlées d’indignation manifestées par bon nombre d’acteurs de la société civile congolaise au rang desquels s’inscrit la VSV et certaines Organisations internationales des droits de l’homme et les Etats Unis d’Amérique s’expliquent par le fait que la situation des droits de l’homme est loin de s’améliorer dans le pays et la RDCongo ne respecte pas ses engagements nationaux et internationaux en la matière.
Il suffit pour s’en convaincre de considérer les répressions sanglantes de la population récemment enregistrées dans l’Espace Grand Kasaï avec l’implication des Forces Armées et la Police contre les présumés rebelles de Kamwina Nsapu. Plus de quatre vingt (80) fosses communes découvertes, des milliers des personnes tuées y compris deux experts des Nations Unies, des milliers de déplacés internes sans assistance humanitaire dans les provinces voisines et en Angola… L’insécurité interminable à l’Est du pays où on déplore des massacres récurrents des populations civiles innocentes et ce, depuis plusieurs années jusqu’à ce jour, les restrictions et violations des libertés publiques en violation de la Constitution du pays et d’instruments régionaux et internationaux ratifiés par la RDCongo. Aussi, il sied de relever que la corruption, l’impunité et la misère battent le record jamais égalé dans le passé de l’histoire de ce grand pays aux dimensions continentales, situé au cœur de l’Afrique. C’est ici l’occasion pour les défenseurs des droits humains de s’interroger : comment avec un bilan macabre si tragique, on peut trouver un motif de fierté et d’allégresse pour se réjouir de l’élection complaisante de la RDCongo comme membre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
En examinant de près l’évolution de la situation, les efforts doivent être fournis pour redorer et conforter l’image ternie du pays en matière de protection et promotion des droits de l’homme plutôt que de s’en prendre à ceux qui s’en plaignent au regard des réalités sur terrain.
Pour la VSV, le ton belliqueux devrait laisser la place à la ferme volonté politique et à l’engagement du gouvernement de la République de commencer déjà à améliorer la situation des droits humains à travers le pays en mettant un terme à leur violation constante.
Il convient pour s’en convaincre de considérer le dernier développement de la situation à Lubumbashi, province du Haut-Katanga à la veille et à l’arrivée après report de M. Félix Antoine Tshisekedi, Président du Rassemblement des forces politiques acquises au changement lundi 23 octobre 2017.
Des militants mobilisés pour accueillir leur leader ont été sauvagement réprimés. Il est fait état du passage à tabac et plusieurs cas d’enlèvements déplorés, siège de l’UDPS assiégé par des militaires… Bref, les rdcongolais vivent dans un Etat de terreur, car souvent violentés, terrassés, égorgés, massacrés…
Quel crédit peut-on à juste titre accorder à un Etat où les libertés individuelles et collectives sont constamment violées, mises en péril sans moindre retenue !
En conclusion
Le processus électoral en RDCongo devient de plus en plus hypothétique et fragile à cause des manœuvres politiciennes de mauvaise foi de la part des gouvernants.
Le non respect des engagements pour l’application sans faille de l’Accord de la Saint Sylvestre du 31 décembre 2016 ne continue pas moins d’affecter le climat socio-politique en RDCongo.
Tout compte fait, le Président de la CENI, monsieur Corneille Nangaa doit prendre son courage en main pour démissionner de ces fonctions au cas où il serait dans l’impossibilité de garantir des élections apaisées tant attendues par la population rdcongolaise.
S’agissant de l’élection de la RDCongo au Conseil des droits de l’homme, tout en réitérant sa déception quant à ce, la VSV demande aux autorités rdcongolaises d’œuvrer de bonne foi pour le respect des droits humains et des libertés fondamentales pour mieux justifier la place qu’occupe la RDCongo au Conseil des Droits de l’Homme et prouver que les acteurs de la société civile et une frange importante de la Communauté Internationale ont eu tort de s’y opposer . Les répressions et interdictions actuelles illégales des manifestations publiques doivent immédiatement cesser et les mesures d’interdiction illégale doivent être levées sur toute l’étendue du territoire de la RDCongo pour contribuer ipso facto au développement démocratique apaisé.