COMMUNIQUES DE PRESSE

N°039 – REPRESAILLES ET TERRORISME POLICIER A MBANZA LEMBA DANS LA COMMUNE DE LEMBA A KINSHASA

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) exprime ses profondes inquiétudes face à la terreur récurrente à Mbanza Lemba, Commune de Lemba de la part des hommes en uniforme de la police et en tenue samedi 28 octobre 2017.

En effet, au jour précité, une dizaine de groupes de policiers accompagnés des indicateurs civils dont certains en uniforme de la Police Nationale Congolaise (PNC) a investi la cité de Mbanza Lemba en se déployant aux quartiers Mbuku, Libération, Amba et Tchad à Kisenso sous prétexte de rechercher des jeunes gens qui auraient donné la mort le même jour  un policier au Sous–Commissariat dénommé « Sukola Mata Coin » sis à proximité du marché Wenze Bambou.

Ces policiers guidés par des indicateurs ont pénétré dans plusieurs maisons où ils ont arraché de force des biens divers tels que téléphones, DVD, postes téléviseurs, radios, des habits, des sommes importantes d’argent… détruisant méchamment des portes et vitres.

De même, les boutiques du marché « WENZE Bambou » ont été scandaleusement pillées, plusieurs articles ravis ont été embarqués à bord  de deux gros camions de marque jeefang de la PNC, et ce, sans établissement des Procès-verbaux (P.V) de saisie des biens.

Des jeunes gens interpellés dont de nombreux innocents et autres passants  ont été sévèrement battus puis enlevés et acheminés vers le District PNC de Matete. Ceux qui ont eu la chance de se soustraire des griffes de policiers ont quitté les domiciles familiaux  pour se refugier dans d’autres quartiers ou communes pendant plusieurs jours par crainte d’autres descentes punitives.

Des informations parvenues à la VSV font état du rôle joué par des indicateurs dans les quartiers qu’ils habitent. Ce sont eux qui conduisaient les groupes de policiers pour rentrer dans des parcelles mieux identifiées, et où ces policiers ont terrorisé les occupants avant de ravir des biens de valeur et procéder à l’arrestation des jeunes gens.

C’est le cas du policier « Torchon » du S/Ciat Mbuku qui s’est rendu dans certaines familles cassant portes et fenêtres et procédant à une fouille systématique dans des chambres.

Un autre indicateur muni d’une machette sur avenue Nsele, quartier Mbuku a menacé une jeune fille avant d’arracher un billet de 200FC qu’elle tenait ainsi que son téléphone. Des policiers qui sont arrivés juste après, ont ravi à la veuve Justine  Tshilanda, une somme d’argent  (160.000 francs congolais) pour la commande des pains,…

Les représailles perpétrées par des policiers à la Cité Mbanza Lemba seraient consécutives à la descente samedi 28 octobre 2017 vers 7 heures de quatre (4) policiers armés sur la rue Kingudi n°7 bis où ils ont procédé à l’arrestation d’un  sexagénaire M. Bona qu’ils ont tiré sans ménagement en lui infligeant un traitement inhumain et dégradant.

Ce traitement inhumain a révolté les curieux et les badauds qui ont rappelé aux policiers le respect du droit à la dignité de la personne humaine. C’est alors qu’un des policiers a tiré trois coups de feu dont deux balles ont touché et pénétré dans la jambe droite de M. Vane Ngoma, 27 ans, provoquant une forte hémorragie. La victime était tombée, gisant dans le sang. Aussitôt, le meurtrier a été maîtrisé par ses collègues et conduit au S/Ciat sis à côté du Wenze Bambou où ils l’ont menotté. Pendant ce temps, le bruit s’est répandu qu’un des policiers venait de tuer un jeune homme du quartier Mbuku et la population est descendue au S/Ciat précité.

A leur vue, les policiers ont tiré plusieurs coups de balles  pour disperser la foule. Sous la forte pression, tous les policiers ont pris fuite laissant sur place le policier menotté sur qui la foule surexcitée s’est acharnée jusqu’à rendre l’âme.

C’est sur ces entrefaites, qu’un certain major Boureau aurait organisé par la suite une expédition punitive contre la population. Il y a lieu de relever qu’après les incidents, aucune autorité (gouverneur, bourgmestre, chefs des quartiers) n’a effectué une descente à Mbanza-Lemba pour évaluer la situation jusqu’à ce jour excepté le Commissaire provincial Général Sylvano Kasongo qui s’y serait rendu le même jour. Un comité       adhoc constitué des victimes a introduit une plainte à l’Auditorat Militaire de la Garnison de Matete.

Force est de constater qu’en dépit de la gravité de violation des droits fondamentaux des habitants de Mbanza Lemba par une escouade de policiers, des autorités rdcongolaises compétentes n’ont pas daigné protéger et garantir la sécurité de la population de ce coin confrontée  aux actes de représailles.

 

Tout en condamnant  la violation du droit à la dignité de la personne par les policiers dont l’un d’eux a tiré à bout portant sur Monsieur Van Ngoma (hospitalisé jusqu’à présent au camps Militaire Kokolo) ainsi que le non respect du droit à la vie du policier par la population, la VSV invite le gouvernement rdcongolais à:

 

  • Ouvrir une enquête indépendante sur les circonstances de ces incidents meurtriers et autres violations des droits humains à Mbanza Lemba en vue d’établir les responsabilités pour que les auteurs répondent de leurs actes;
  • Faire libérer toutes les personnes arrêtées en rapport à ces événements ;
  • Restituer tous les biens extorqués à la population et procéder à l’indemnisation des victimes pour les préjudices causés.

 

Fait à Kinshasa, le 22 novembre 2017.

 LA VOIX DES SANS VOIX POUR LES DROITS DE L’HOMME (VSV)

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